La viscose est-elle naturelle ?

Mon professeur d’allemand aurait sans doute répondu «jaein ». Le Jacques Chirac des guignols aurait lui répondu « pontre ».

La viscose est issue de pulpe d’arbre. C’est de la cellulose modifiée avec de la soude, qui est elle pas très naturelle. Le matériau de base l’est donc et le traitement ne l’est pas.

La soude est également utilisée, peut-être sous une autre version, dans la mercerisation et pourtant les fils de coton mercerisé apparaissent tout à fait naturels au commun des mortels. Même si dans un cas la soude transforme la structure chimique de la cellulose et que dans l’autre elle ne fait que lustrer le coton, on peut s’étonner de cette différence de réputation.

L’explication vient sans doute autour d’une communication qui a changé. En 1884, quand la viscose est inventée par le Comte Hilaire de Chadonnet, elle est appelée « soie artificielle ». Les mots « artificiel », « synthétique », et autres, ont le vent en poupe. Ils sont le reflet d’un dynamisme industriel et d’un certain affranchissement des contraintes de la nature sur l’homme. Ma mère qui a été bercé dans l’industrie de la soie lyonnaise voit encore d’un bon œil ce matériau innovant, qui pourtant faisait une concurrence déloyale à la soie. Un bon siècle  après son invention, l’heure n’est plus aux Ersatz et l’on préfère les matières vraiment naturelles, au mois dans leur appellation. Le marketing de la viscose perd en pertinence.

Mais entre temps, la viscose a réussi à acquérir ses lettres de noblesse avec son musée à Echirolles.