Dessine-moi un bouton

Quel amateur de boutons de manchettes n’a pas acheté, lorsqu’il a paru il y a quelques années, le livre de Jean-Noël Liaut et Bertrand Pizzin sobrement intitulé Boutons de manchettes* ?  Pas vous ? Alors à l’heure de la catch up TV, voici quelques lignes qui vous donneront peut-être envie de vous rattraper.

Un portrait de Bertrand Pizzin, réalisé par Philippe

La totalité des boutons de manchette présentés dans le livre provenait de la collection de Bertrand Pizzin (notre portrait), libraire distingué, bien connu des clients de Galignani. Et cette collection comptait à l’époque quelque deux mille paires de boutons… Oui, vous avez bien lu, DEUX MILLE. C’est dire que l’exposition réalisée par la suite par le chemisier Pink n’a, pas plus que le livre, suffi à tout montrer. D’autant moins que, non content de collectionner, Bertrand Pizzin, à cette époque, dessinait une collection pour le chemisier britannique.

Aujourd’hui, combien sa collection peut-elle compter de pièces ? Vous pourrez le lui demander à l’occasion, si vous passez par la rue de Rivoli, et lui demander aussi une jolie dédicace, tant que vous y serez, car on doit toujours trouver quelques exemplaires de Boutons de manchettes en stock chez Galignani.

Mais au fait, comment en arrive-t-on à ce chiffre astronomique ? écoutons l’intéressé se rappeler avec précision ses premiers boutons de manchettes : « On me les a données lorsque j’avais 17 ans. » En fait il s’agissait de plusieurs paires ayant appartenu à son grand-père maternel… Nous ne sommes guère plus avancés.

Arletty, une amie du jeune Bertrand (il passait des vacances chez elle à Belle-Ile, il y en a qui ont de la chance) lui offrit plusieurs paires de boutons de manchettes dans les années qui suivirent. Maria Felix, une autre grande amie, lui en offrit également (il y en a qui ont vraiment de la chance). « Ces boutons  conservent une grande valeur sentimentale, naturellement. »

En fait, les premiers symptômes de la collectionnite apparurent plus tard, une éruption de boutons qu’aucun dermatologue n’a pu guérir : « Au départ, comme je portais régulièrement des boutons de manchettes, il m’arrivait d’en acheter quand j’en voyais une paire qui me plaisait chez un antiquaire… J’ai ainsi commencé par acheter quelques paires de boutons par an, sans idée de collection. Puis c’est devenu une monomanie… Vous savez ce que c’est, on se retrouve, sans y prêter attention, avec trente paires de boutons de manchettes, achetées au feeling, et ensuite ça devient une nécessité. On prend goût à aller aux puces, aux brocantes, à chiner, à chercher la perle rare. »

A partir d’un goût personnel pour les modèles émaillés des trente premières années du XXe siècle, d’une incroyable variété et d’une grande qualité, souvent créés par des chemisiers, la collection a ensuite évolué dans des directions parfois surprenantes, pour refléter finalement l’immense diversité de la création dans le domaine des boutons de manchettes. Une diversité à laquelle la production actuelle, relativement uniforme, ne rend pas justice.

Le volume de la collection Mémoires de la mode nous offre de picorer parmi les pièces représentatives d’une des plus larges collections de boutons de manchettes au monde, et de redécouvrir ainsi cette diversité perdue. Un plaisir instructif !

* LIAUT Jean-Michel, PIZZIN Bertrand, Boutons De Manchettes, éditions Assouline, PARIS 2002

3 réponses à “Dessine-moi un bouton

  1. Deux mille paires, à l’époque ?! Mon Dieu !

    Heureusement, je n’ai pas cette ambition, ni la place (à moins d’en remplir ma cave…). Mes 14 paires de boutons de manchette colorés, et les cravates assorties, me suffisent largement {:-)

  2. … Et le plus beau, c’est que le collectionneur n’est pas rassasié ! il faudrait que je mette à jour cet article, car mes dernières conversations avec Bertrand sont restées pleines de récentes découvertes et nombreux ajouts à cette collection unique.

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