Rus in urbe : un classique bien pratique

C’est la saison du baccalauréat, alors révisons les langues étrangères, voulez-vous ? Celle d’hier (le titre de l’article) et celle d’aujourd’hui : How do you translate « paddock jacket » ? en fait, on ne traduit pas vraiment. Le terme de veste « matelassée » approche le produit par le tissu, mais rend un compte imparfait de l’usage initial et rural de ladite veste.

Quoiqu’il en soit, cette paddock jacket se révèle diablement pratique, résistante, et, compte tenu qu’elle est souvent bon marché, il y a fort à parier qu’elle remporte haut la main la palme du meilleur rapport prix/utilisation. En temps de crise, élégant rime parfois avec économe.

Les modèles les plus courants sont en effet fabriqués en polyester, avec un col et quelques attributs en velours de coton. Plus rares, des modèles en coton enduit ou en tweed sont aussi plus flatteurs, mais nous éloignent des qualités des modèles de base en polyester, crottables et lavables ad infinitum (Remember : c’est le bac), fermés par de simples boutons pression.

Et LE modèle le plus connu reste le Liddesdale de Barbour, visible ad nauseam (bis) dans les quartiers conservateurs de la capitale. Je confesse que je porte le mien depuis une bonne quinzaine d’années. De couleur vert olive, il se marie avec à peu près tout, couvre facilement une veste, même longue, tient étonnamment chaud en hiver, coupe le vent et se révèle encore bien pratique au printemps, pour affronter la fraîcheur matinale sur une paire de blue jeans, quand je n’ai guère envie de faire assaut de coquetterie pour aller chercher les croissants : j’attrape la veste matelassée, toujours pendue à une patère, toujours prête, brave scout de la garde-robe. Et increvable, avec ça ! quelques fils de couture ont bien fini par lâcher ici ou là, sur le chemin des poches profondes et accueillantes, mais je ne vois pas ce qui empêcherait mon Liddesdale de durer encore une quinzaine d’années, malgré la totale absence de soin que j’en prends.

Ce vêtement ne respire pas beaucoup, certes, et pour cette raison il devra être laissé dans le dressing dès que la température approche les vingt degrés Celsius. Mais entre, disons, moins dix et plus vingt degrés, il se montre versatile, accueille facilement toutes les combinaisons et toutes les épaisseurs supplémentaires s’il est nécessaire de jouer les oignons contre le froid. Et malgré sa coupe généreuse de paletot, le modèle de Barbour offre presque de jolies courbes de vêtement mieux taillé.

Barbour a lancé un nouveau modèle, le Conway, plus ajusté, d’une coupe très élégante mais plus près du corps et, partant, moins polyvalent que le Liddesdale. Ce dernier, quant à lui, a été tellement décliné ces derniers temps en multiples versions par la firme de Simonside qu’il sera intéressant dans quelques années de vérifier la pertinence commerciale et financière de cette politique marketing (ce sera pour après le bac).

Un concurrent de Barbour sur ce segment de marché est hélas très peu présent sur le continent. Il s’agit de Lavenham, qui fabrique au Royaume-Uni de jolis produits fort mal distribués, même dans les îles. La paddock jacket, ou encore stable jacket, fait vraiment partie de leurs spécialités, et leur site internet propose même, non pas des rééditions, mais de vrais modèles vintage ! citons encore quelques fabricants britanniques, plus anecdotiques : Halesworth, Roderick Charles, tous un ton au-dessous des deux marques emblématiques de ce vêtement.

Enfin, lorsque les marques de luxe s’y essaient, le résultat est souvent assez différent, sinon dans l’esprit, des produits de plus grande diffusion. Les Hermès, Ralph Lauren, ou encore New & Lingwood proposent régulièrement des modèles qui tirent vers la veste « véritable », ajustée et finie comme telle, plutôt que vers le paletot. Alternative raffinée, certes, mais peut-être trop pour ce type de vêtement. Les modèles de luxes se révèlent ici beaucoup plus chers et beaucoup moins polyvalents. Vive la crise !

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