Benoît XVI sur son 31

Les trois soutanes blanches en vitrine chez Gammarelli pendant les conclaves sont disponibles en trois tailles: S, M, L car  personne ne sait quelle est la taille du future pape.

Dans le monde des vêtements  religieux, il y a peu de choses aussi prestigieuses que de compter le chef de l’Eglise Catholique Romaine parmi ses clients. Aussi quand les cardinaux se réunissent pour élire le successeur de Pierre, le tailleur Gammarelli est toujours très curieux de voir qui sortira de la chapelle Sixtine vêtu de blanc.

Filippo Gammarelli, âgé de 69 ans, dont la famille habille les papes depuis 1798, espère  toujours que l’élu aimera la coupe une fois sur le balcon de la place Saint Pierre.

Et ce n’a pas toujours été le cas.

Pour le rondelet Jean XXIII, il avait fallu jouer du mètre et de l’épingle pour les retouches de dernière minute. Quant à Benoît XV, il était si petit qu’il flottait  dans sa  simarre de soie blanche, un habit que les papes sont les seuls à porter.

Les Gammarelli ont l’avantage comparatif d’avoir déjà pour clients un grand nombre des cardinaux qui sont en lice pour devenir pape. Certains ont même trouvé le temps ce mois-ci de passer dans le minuscule magasin de la rue Sainte Claire.

Avec ses nombreux magasins aguicheurs de fournitures religieuses, cette petite rue pave derrière le Panthéon est les Champs Elysées des tenues ecclésiastiques. Parmi tous les magasins de fournitures religieuses, les plus recherché d’entre tous reste Gammarelli, où de nombreux cardinaux se rendent au profit d’une visite à Rome.

Les préoccupations de la maison ne sont pas dans le suivi des dernières coupes à la mode. Il est maintenant loin le temps des extravagances où la fourrure et la soie brodée d’or habillaient les manches de Pie VI. Le concile de Vatican II à mis un terme à tout cela, au grand dam de Gammarelli.

Néanmoins, tout comme les dignitaires  et chefs d’états, les cardinaux et les évêques aiment prendre soin de leur apparence. Ainsi, les tailleurs de Gammarelli s’affairent autour de la table en acajou mouchetée d’épingles, marquant à la craie et découpant les plus beaux tissus en soie et en laine. Les rouleaux des plus belles étoffes italiennes s’élèvent sur les étagères en bois : les moirés, les reflets, le brillant et le doux tiennent ici le haut du pavé.

Mais les prélats ne sont pas les seuls à trouver leur bonheur dans cette devanture alléchante. Les élégantes chaussettes rouges en fil d’Ecosse sont renommées dans le monde entier. Il n’est ainsi pas rare de voir des gens de tous les âges et de tous les pays venir chez Gammarelli pour y acheter une douzaine de paires.

« Les rouges sont les plus courues, mais les violettes et les noires ont aussi leur petit succès. Outre la marque que beaucoup d’hommes aiment, il y a leur couleur et leur légèreté qui attire les clients fidèles.  Un de nos clients américain nous en commande 100 paires par an ! Depuis quelques temps, nous avons même des femmes pour clientes. Les tenues féminines laissent plus de place aux couleurs dans la vie laïque. Pourtant, historiquement, les femmes ne représentent pas la majorité de notre clientèle » dit Annibale Gammarelli amusé.

« Les hommes politiques et les patrons sont parmi les clients importants de ces chaussettes. C’est une façon discrète de rompre avec l’austérité des costumes  que leur fonction les oblige à porter » ajoute-t-il.

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