Je crois me souvenir que dans Le Guide du BCBG, paru en 1985, Thierry Mantoux arguait que le BCBG* porte des gants en ville de septembre à juin, un point c’est tout. Et un loden aussi, probablement… Même si le citadin soucieux de sa mise ne verse pas dans le bon chic bon genre tendance ultra, il peut lui être utile, voire agréable, de disposer de quelques paires de gants pour affronter le printemps, redoutable demi-saison qui le trouve souvent trop habillé à midi, ou pas assez à minuit.
En avril, ne te découvre pas d’un gant, c’est bien connu, surtout à Millau. Et le matin il fait encore bon en enfiler une paire pour se protéger du froid, si ensuite elle est assez fine pour aller se faire oublier au fond d’une poche de cover coat ou de veston. Dans ce but, l’acquisition d’une paire de gants en veau velours, non doublée, s’impose assez naturellement, dans des coloris sobres : des nuances de gris, tirant, pourquoi pas ? sur le marron ou le vert. Mais alors, léger, le tirage. Quant à la façon, coutures extérieures ou intérieures, c’est une question de goût. La seconde option offre un rendu plus fin, allonge les doigts et flatte la silhouette de la main.
Compte tenu des peausseries proposées aujourd’hui en ganterie, on a intérêt à choisir des gants très, très ajustés, car le veau velours a une fâcheuse tendance à se détendre excessivement à l’usage, pour se mettre alors à flotter d’une manière disgracieuse et inconfortable. Hélas ! les vrais gants de suède et autres Kislav de la maison Buscarlet, qui avaient de la tenue, ne sont plus qu’un souvenir ou une heureuse trouvaille de chineur.
Là où cet accessoire cessera d’être au point du jour une coquetterie, ce sont les quelques circonstances qui nous obligeront à porter le morning suit au printemps: les courses, de moins en moins ; les mariages, de plus en plus si l’on en croit les chiffres de l’INSEE. Dans ce cas, les gants proposés par les habilleurs sont le plus souvent en coton, gris. Mais enfin, franchement, vous aimez, vous, les gants en coton ? Disons que la qualité de ceux que l’on trouve précisément chez lesdits habilleurs invite à les troquer contre ces superbes gants de suède trouvés aux Puces il y a quelques mois…
* BCBG : abréviation de « bon chic bon genre », l’expression est issue, paraît-il, de la région lyonnaise. Elle désigne « des personnes au style classique et élégant, de très bonne éducation (aristocrates et bourgeois) » et a été popularisée par l’ouvrage de Thierry Mantoux, énorme et surprenant succès de librairie des années 1980 avec quelque 500 000 exemplaires vendus !