Clin d’œil littéraire au B-A BA de la chaussette

Relire Henri Calet est à la mode depuis que les éditions du Dilettante ont sorti de l’oubli, il y a quelques saisons de cela, le drôlissime L’Italie à la paresseuse. C’est toutefois un livre moins connu de l’auteur, mort en 1956, qui nous intéressera ici.

Dans Le Croquant indiscret*, publié pour la première fois par les éditions Grasset & Fasquelle en 1955, Calet donne le récit d’une enquête sur les femmes du monde à Paris. Lui, l’enfant du XIVe arrondissement, qui a toujours éprouvé des difficultés à joindre les deux bouts, cède à l’attrait des lambris et des beaux quartiers, avec cet humour désespéré, identifiable entre tous, qui se dégage de son style faussement naïf.

Arrive un soir où, invité à une soirée mondaine, il constate que ses chaussettes n’ont pas la bonne longueur. Et là, que dire ? sinon que, de quelque côté du « V » que se place le « I », dans le XVIe arrondissement comme dans le XIVe, les règles qui gouvernaient la hauteur des chaussettes dans les années 1950 restent inchangées. Extrait :

« Autre petit motif d’inquiétude : mes chaussettes. Par un souci d’économie que l’on jugera sûrement louable, je ne m’achète plus que des demi-chaussettes. Il se peut que cela s’appelle des jarrettes, mais je ne peux le certifier. Quoiqu’il en soit, on a deux paires pour le prix d’une seule. Certes, le port de la jarrette ne va pas sans quelques inconvénients. Par exemple, quand vous vous asseyez avec désinvolture, vous dévoilez vos jambes nues ou votre caleçon, en hiver. De toute manière, on s’aperçoit que vous avez de petites chaussettes.[…]

En bref, et à la condition de rester debout, j’étais à peu près présentable. » (page 117)

On a pu lire cent fois ce conseil de base, dans tous les sens du terme, portant sur la longueur des chaussettes des messieurs : sans-culotte ou pas, c’est sous le genou, et pas plus bas. A soixante ans de distance, cependant, la mention du caleçon long porté en hiver peut surprendre. Le réchauffement climatique est passé par-là, mais plus sûrement encore le chauffage central.

* Henri CALET, Le Croquant indiscret, éditions Grasset & Fasquelle, Paris 1955, réédité dans la collection Les Cahiers Rouges, Paris 2002.

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