Clic ! ou la magie du pricing power

Créée et brevetée en 1910, la boucle déployante de Cartier a connu quelques évolutions récentes, entre la fin des années 1980 et aujourd’hui, depuis que le fabricant cherche et trouve régulièrement des solutions nouvelles pour permettre à ses clients de se passer de la commande d’un bracelet sur mesure, qui contrarie tant les achats d’impulsion et les cadeaux.

Il y aurait un article à écrire sur la boucle déployante de Cartier, sur son confort et le plaisir sensuel de son usage, son élégance discrète en même temps que si snob, et l’alourdissement de sa silhouette ces trente dernières années, à la poursuite, toujours un peu vulgaire, d’une consommation de masse. Une autre fois, promis…

Témoin d’une étape dans ces évolutions, la boucle dont je vais parler ici est une boucle déployante réglable telle qu’on la produisait, comme alternative à la boucle ardillon, pour fermer le bracelet des montres Tank de la ligne Must de Cartier dans les années 1990. La plupart des Tank Must produites l’ont été en vermeil, mais quelques modèles en argent ont aussi été produits dans ces années-là, recouverts d’une couche de rhodium fine et bienvenue, qui à la fois permettait de protéger l’argent de l’oxydation et de préserver son éclat, sans en passer par le même fastidieux entretien que celui de l’argenterie de grand-mère. Les boucles déployantes qui équipaient ces modèles étaient fabriquées en acier.

En 1997, époque pour moi des premiers salaires, j’achetai, rue de la Paix, chez Cartier, coup sur coup deux modestes Tank Must que je porte toujours avec beaucoup de plaisir. La seconde était une Tank en argent qui me coûta la somme de 7 150 francs, ce qui me paraît rétrospectivement modique au regard des prix pratiqués désormais dans les mêmes murs.

Il y a peu de temps, j’ai acheté en Allemagne une montre presque identique, d’occasion celle-ci, produite en 1994. Elle n’était pas équipée d’une boucle déployante, et je suis donc naturellement allé chez Cartier pour acheter la boucle déployante réglable en acier que je savais convenir. Le prix de la douloureuse ? 279 euros. On a beau aimer les produits de luxe, parfois, tout de même, on se sent un peu gogo.

J’essayais d’imaginer en m’éloignant du 13, rue de la Paix, le coût de production du petit machin dépliant en acier… Dix euros ? Moins ? Bref, je me dis qu’à l’image des BMW et autres Mercédès dans le secteur automobile, Cartier fait partie de ces quelques rares marques connues du grand public qui possèdent le pricing power, comme on dit dans les écoles de commerce. C’est beau, le pricing power. Beau comme une pièce détachée. Allez, c’est décidé : demain, j’achète des actions Richemont !

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