Garder ses mains au chaud dans ses beaux gants doublés et passer pour un mufle ou se déganter courageusement?
Quand les morsures du froid invitent plus à garder ses gants qu’à les enlever, la politesse se paye au prix fort.
Il y a quelques années, Georges W. Bush avait provoqué l’indignation en n’enlevant pas ses gants pour saluer un chef d’État. La rigueur des conditions météorologiques n’excuse rien : il faut enlever ses gants pour dire bonjour. On trouve toujours diverses explications pour justifier les usages. Et cette variété de justifications ne donne pas toujours le mot de la fin.
D’aucuns prétendent que cette pratique remonte aux temps où les empoisonnements étaient en vogue. On craignait alors que le gant ne dissimulât quelque pique empoisonnée, qui libérerait son venin au contact de l’adverse main. Cette explication, me paraît pourtant plus relever de l’anecdote que de la vérité historique.
La plus plausible des causes est aussi celle qui semble la plus simple. Ne pas enlever son gant, revient à mettre une distance avec la personne qui vous tend sa main. C’est une manière de refuser le contact franc et d’exprimer une sorte de répugnance. Bien-sûr, c’est pourtant souvent la paresse qui pousse à ne pas enlever ses gants. Mais le respect demande que la surmonte. Aussi, pour éviter de laisser la place à des interprétations, mieux vaut ôter ses gants sans se poser de questions. De la même manière qu’il vous faut impérativement vous lever pour saluer quelqu’un,vous devez être déganté avant de serrer la pince de votre interlocuteur.
Dans son Guide du Protocole et des usages, Jacques Gandouin indique qu’il vaut mieux tendre une main gantée plutôt que de mettre trop longtemps à enlever des gants trop ajustés, et qu’on peine à ôter. S’il est en effet inconvenant de faire attendre plus que de raison une main qui s’offre à vous, je ne suis pas sûr de le rejoindre sur ce cas limite. La familiarité qui peut exister entre de vieux amis qui se voient fréquemment peut excuser cette conduite cavalière, mais il n’en va pas de même pour les situations plus formelles. Si vous n’êtes pas capables d’enlever vos gants, donnez les à votre fille à qui ils iront mieux !