L’étude des différentes laines a souvent un parfum de reportage animalier tant les sources sont multiples. La laine angora participe à cet exotisme car le même mot recouvre plusieurs réalités. Trois exactement.
C’est d’abord un chat d’origine turque, dont les poils ne sont pas destinés à la production de laine. Certes, certains arrivent bien à tirer quelques pelotes de leur chat, mais cet animal est d’abord un animal de compagnie plutôt qu’un animal de production de laine.
On trouve aussi des chèvres Angora. Plus que les chats, elles produisent de laine. Contrairement à ce que leur nom indique, il ne s’agit pas de la laine angora, mais du mohair. Ces chèvres viennent originellement d’Asie mineur. Leur implantation dans d’autres régions du monde, comme en France, a bien réussi.
La laine Angora ne vient donc ni des chats, ni des chèvres mais d’un lapin albinos. Les meilleures laines sont issues de poils dépilés et non tondus. L’opération est assez naturelle pour le lapin car cette perte de poils correspond à une mue de son pelage. Les poils sont enlevés au peignes ou à la main. Le lapin peut fournir jusqu’à quatre fois deux cents grammes de laine par an.
La laine angora est sans doute une des meilleures laines. Le poil est vigoureusement doux. Il est un des plus isolants, jusqu’à neuf fois plus chaud qu’une laine de mouton. Enfin, c’est l’un des plus résistants. Dans les bons élevages, là où les poils sont dépilés, les fibres dépassent les dix centimètres, assurant donc la solidité de la laine angora. Enfin, la laine angora permet une excellente absorption de l’humidité, d’où son utilisation pour des pulls et chaussettes de luxe.
Cette laine, très souple et soyeuse, vient essentiellement de Chine (90%), mais aussi d’Argentine, du Chili, de France, de Hongrie et de République Tchèque.
Cette laine aux qualités incomparables, issue de fertiles lapins, serait plus répandue s’il elle n’avait pas un inconvénient. Les habits en laine angora laisse une empreinte immatérielle dans les esprit, mais aussi une empreinte plus matérielle partout où il passe, à savoir des poils. Si vous avez un pull en angora, on pourra vous suivre à la trace, identifier tous les voitures où vous êtes passés, tous les sièges où vous vous êtes assis.
Elle reste néanmoins chaudement recommandée pour votre garde robe.
Bonjour,
Si je puis me permettre d’apporter une petite précision, toute la laine angora n’est pas récoltée dans le respect relatif de la mue naturelle de l’animal, loin de là. 90% de la production mondiale (notamment celle en provenance de Chine) est obtenue en arrachant les poils par poignées, de manière manifestement très douloureuse pour l’animal (il existe des vidéos tournées dans ce genre d’exploitations, je ne vous conseille pas de les regarder car les images sont assez insoutenables), auquel l’opération laisse souvent de nombreuses blessures. Par ailleurs, ces lapins-là sont également élevés, de la naissance à leur mort prématurée, dans des cages minuscules au sol grillagé qui leur abîme les pattes. Aussi, je conseillerais à vos lecteurs de privilégier une laine angora obtenue dans des exploitations qui respectent un certain cahier des charges, au niveau éthique. Les exploitations françaises en font partie. C’est certes plus cher, mais ça vaut le coup pour se sentir « moralement élégant » 😉