Un pont trop loin ?

Hermès a pris pied sur la rive gauche de la Seine. Contrairement à Ralph Lauren, qui y a ouvert un véritable flagship store l’automne dernier, Hermès arrive sur la pointe des escarpins : artère passante, mais fonds de commerce discret.


A l’intérieur, les volumes se révèlent : rappelons-le pour ceux qui on passé les vacances loin de la planète Terre, la boutique occupe l’ancienne piscine du Lutétia. C’est d’ailleurs un problème : occuper ces lieux relève de la gageure. L’usage spectaculaire, parfois un peu ridicule, du bois clair ne parvient pas à gommer une certaine sensation d’éparpillement des produits, ni à réchauffer l’ensemble, à vrai dire impossible à habiter, tant la décoration de l’ancienne piscine décourage toute tentative pour personnaliser le lieu.

De façon parfaitement rationnelle, le style de la maison Hermès se perd donc ici dans un minimalisme froid et anonyme. Hermès semble livrer la bataille du commerce de détail avec une guerre de retard, comme, déjà, dans la décoration, voire le concept, de sa boutique éphémère de la rue de Grenelle, il y a quelques mois. Comme, aussi, dans l’escalier percé au 24 faubourg lors des derniers travaux.

Au fait, quelle est la cible de cette nouvelle boutique ? Quelle est sa nécessité ? s’agit-il seulement de faire comme les autres ? Le moutonnisme ne ressemble pourtant pas à ce qu’Hermès nous a montré au cours des dernières décennies, ni à l’entreprise visionnaire que représente la création de Shang Xia en Chine ces deux dernières années.

Mais il est vrai que Jean-Louis Dumas n’a pas été remplacé à la tête de la maison du faubourg Saint-Honoré, dans son rôle central de guide et d’arbitre, et que les initiatives de la maison sont aujourd’hui d’une qualité plus inégale. Si, en plus, les mains peu délicates qui ont saisi vingt pour cent du capital en quelques semaines réussissent leur inavouée opération de conquête, alors Hermès n’aura plus qu’à devenir un groupe de luxe comme les autres.

Nous n’en sommes pas là. Hermès a plongé dans l’ancienne piscine du Lutétia… Souhaitons-leur de ne pas boire la tasse.

2 réponses à “Un pont trop loin ?

  1. Oui, je suis tout à fait d’accord avec cet article sur le fond. Même si je trouve le travail de l’agence de Rena Dumas (défunte épouse du défunt J.L. Dumas) soigné et assez élégant avec du J.M. Frank un peu partout. Dommage en revanche de n’avoir pu exploiter les galeries hautes.

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