Chez Max

Vous ne connaissez pas Chez Max, Coiffeur Pour Hommes ? alors précipitez-vous pour écouter ce petit bijou de gainsbourgeoisie, extrait de l’album L’Homme à tête de chou. Mais trêve de crochet pop, il fut un temps où le diminutif Max était à la mode, véhiculait probablement une image de mâlitude rassurante, dernière étape avant la beaufitude qui pointait déjà le bout de son marcel sous le prénom monosyllabique.

Et mis à part les capilliculteurs patentés, quels professionnels arrimaient leur raison sociale à ce prénom douteux ? pas les hommes politiques, non, on n’aurait pas fait carrière avec un moignon d’état civil, et on n’imagine guère un Max de Robespierre à la tête du Comité de salut public. En revanche, chez les tailleurs, une génération est en train de tirer sa révérence, chez laquelle le Max était aussi porté que la rayure tennis.

Que deviennent donc les Max Houta et autres Max Evzeline ? La boutique du premier, avenue Kléber, est à l’abandon depuis plusieurs années, quelques échantillons de tissu témoignant, dans la vitrine seventies, de l’usage passé du local. La vitrine du second, rue du faubourg Saint-Honoré, à côté du traiteur Dalloyau, attend la reconversion derrière une couche de blanc d’Espagne.

Flash back* : c’était l’année 1966…

« Max Evzeline change d’adresse

Le célèbre tailleur pour hommes vient de changer d’adresse et de s’installer dans l’élégant faubourg saint-honoré.

Pour fêter cet heureux événement, Max Evzeline a donné, au début de mai, un grand cocktail où de nombreuses personnalités étaient conviées.

Ce fut un moment très parisien. »

Comme cela paraît loin ! et désuet. Et incroyable : on n’imagine plus guère aujourd’hui un « grand cocktail où de nombreuses personnalités étaient conviées » à l’occasion du changement d’adresse d’un tailleur. Max Evzeline, héritier du « Groupe des 5 » (Waltener, Bardot, Evzeline, Camps, Austen) a longtemps travaillé pour la clientèle du show business, semble-t-il. Mais les années 1980 et 1990 ont probablement vu les habitudes de cette clientèle changer, et le volume d’affaires diminuer. Max Evzeline s’est essayé à la mesure industrielle, sans grande réussite, et le salon de la rue du faubourg Saint-Honoré a commencé à sentir la poussière.

Il n’empêche que ceux qui sont sensibles à l’art du tailleur continuaient de s’arrêter en passant, devant les superbes vestons en cours de fabrication, enfilés sur des mannequins, entre les panneaux de bois de la vitrine. Il y avait toujours un croisé, la spécialité de la maison, quelques cravates pas très jolies et une demi-douzaine de gravures de mode. Il restera, pour le lèche vitrines, les pâtisseries de Dalloyau.

* in : L’OFFICIEL DE LA MODE n°531-532 de 1966

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