Suzu… qui ? Un petit nouveau dans la cour des grands

Kenjiro Suzuki ! retenez ce nom à l’exotisme nippon, car l’homme semble promis à l’avenir brillant qui attend ceux que la passion et le talent habitent. Que voulez-vous que je dise de plus après une telle profession de foi ? Ah, si, Kenjiro Suzuki est tailleur.

kenjiro suzuki

Et ce n’est pas tous les jours qu’un tailleur, un vrai, pose sa plaque à Paris. En l’occurrence à quelques encablures de la gare Saint-Lazare, dans le VIIIe arrondissement. Là, dans un cadre intelligemment aménagé, le nouveau venu ne propose que de la grande mesure, sans concession. Et une certaine réputation l’a précédé chez les connaisseurs, les aficionados de la coupe, les literati de la milanaise. Qu’il suffise de dire à cet égard que Stéphane, le-sage-de-la-place-du-docteur-Félix-Lobligeois, ne tarissait pas d’éloges sur son travail en indépendant, avant même son installation.

Car, avant de s’installer à son compte, Kenjiro Suzuki a proposé ses services en marge de ses activités salariées. Lesquelles l’ont amené à travailler successivement pour Arnys, Camps de Luca, puis Smalto. Joli CV !

Installé désormais rue d’Edimbourg*, dans l’ancien entrepôt d’un luthier de la rue de Rome voisine, M. Suzuki travaille en couple avec son épouse, et j’ai été frappé par leur accueil d’une courtoisie parfaite et souriante. Je leur ai rendu deux visites à quelques semaines d’intervalle, pour sentir la température. Et la température est bonne !

Ce que j’ai pu voir du travail en cours, ou fini, respire la qualité, et le choix des tissus proposés conviendra aux amateurs de tissus anglais : Scabal, Dormeuil, H Lesser (une des marques du groupe Harrison of Edinburgh), etc. Peu de liasses pour le moment, mais largement suffisantes, et dont le nombre avait augmenté sensiblement entre mes deux visites. Et, cerise sur le cake au thé vert, quelques coupes de tweed vintage absolument magnifiques étaient rangées sur les étagères, qui donnaient une envie presque insoutenable de pardessus raglan, de promenades le dimanche, de cabriolet en hiver… Je m’égare.

A cette promesse d’exigence de qualité et à ce joli choix de tissu s’ajoute un bon goût manifeste, toujours appréciable dans le domaine de la mode, mais guère répandu pour autant. Comme une touche latine dans le tableau, l’homme semble éprouver une dilection pour les cravates en tricot de soie. Rien à redire. En revanche, dans son goût personnel pour les revers de veston, il me semble un peu trop Franck Boclet et pas assez Francesco Smalto. Mais cette petite vulgarité de jeunesse lui passera.

Pour en finir avec ces premières impressions, j’ajouterai deux observations qui augurent bien de la capacité de Kenjiro Suzuki à communiquer au sujet de son activité naissante. D’abord, le jour de ma première visite, une équipe de la télévision japonaise avait laissé un spot pour la réalisation d’un reportage en cours. Ensuite, notre nouveau tailleur alimente une riche page Facebook depuis novembre 2011. Mais là, il faudra que l’internaute curieux se mette au japonais, car la traduction fournie par le moteur de recherche se révèle, comment dire ? Extrait : « Relié les relations entre les clients et ce qui en fait, il est important et notre créateur croit en Kuroko. Aujourd’hui que je suis bien sûr très bien nouveau sera un jour. » Voilà, pas facile de tout comprendre, mais heureusement il y a plein de jolies photos à se mettre sous les cils. Pour le reste, un seul mot d’ordre : Tous à la nouvelle Athènes !

* Pour être plus précis :

5, Rue d’Edimbourg 75008 PARIS

Tél : 06 72 77 29 81

E-mail : contact@kssm-cecilia.com

Site Internet : www.kssm-cecilia.com

(en prime : une jolie galerie)

3 réponses à “Suzu… qui ? Un petit nouveau dans la cour des grands

  1. Très intéressant. Savez vous à combien démarre son offre en deux pièces ? N’habitanr pas paris, je ne voudrais pas venir pour rien. Sinon, c’est très maîtrisé mmême moi aussi, je trouve les revers trop larges.savez vous si le client doit adhérer à son style ou s’il accepte vraiment les demandes du client ?

  2. En réponse au dernier commentaire, le prix du costume en laine est actuellement de 3500 Euros. Un prix que je qualifierais de… conquérant. Autrement dit, pour ce travail, un tailleur parisien plus prestigieux demanderait davantage.
    Quant au style du tailleur, on peut généraliser ainsi : il représente en quelque sorte sa « zone de confort ». Le tailleur ne demande pas mieux que de s’en écarter pour satisfaire un client dont le commerce est agréable, mais il sera moins à l’aise ; et plus l’écart sera important, plus le travail du client devra être important lui aussi, pour guider le tailleur dans des zones stylistiques qu’il fréquente moins.

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