L’osier ? ça fait rustique, seventies en sabots suédois et bobo avant l’heure, ça fait tout ce que vous voulez sauf astiqué (relisez bien les deux deniers mots et goûtez le calembour). L’osier évoque d’abord des paniers : le marché du samedi matin à la campagne, la pêche à pied au bord de la mer, un débarquement de parisiens en villégiature dans les deux cas. Si pour vous aussi l’osier se résume à quelques paniers et autres malles de pique-nique, alors vous avez besoin comme votre serviteur d’une sérieuse mise à jour.
Arrive Raphaëlle Hanley, charmant entrepreneur (« entrepreneuse » sonne un peu hôtel borgne, non ?). Avec deux autres associés, elle a créé l’année dernière la société Atelier Vime, qui s’inscrit de façon intelligente et patrimoniale dans le paysage über-traditionnel de la vannerie dans l’arrière pays provençal, à Vallabrègues. Et le résultat ne s’est pas fait attendre, mélange de produits vintage et de créations présentés à la face du web dans un écrin de site Internet joliment conçu[1].
Au fait, pour ceux qui ne sont pas tombés dans un couffin en osier quand ils étaient petits, un rappel technique et historique s’impose : l’osier est une espèce de saule aux brins flexibles récolté pour la vannerie depuis, soyons précis, fort longtemps, mais cultivé dans ce but depuis beaucoup moins longtemps semble-t-il. On distingue l’osier vert, fraîchement coupé, l’osier brut, séché puis trempé pendant une semaine avant son tressage, et enfin l’osier blanc, pellé de son écorce avant le séchage, ce qui permet d’exprimer différentes nuances de couleurs de la plante.
J’arrête là, sinon on va perdre des lecteurs en route. On peut tout de même encore noter que les vanniers emploient plutôt le rotin, plus résistant que l’osier, lorsqu’il s’agit de réaliser des meubles, mais que c’est bien le même savoir-faire dans les deux cas. Et quant aux vanniers, leur nombre en France a fondu comme celui des tailleurs depuis la seconde guerre mondiale, c’est dire… Attention ! artisans en voie de disparition, là aussi.
Bref, il y a quelques semaines, j’ai croisé Raphaëlle Hanley chez Galignani, la librairie de la rue de Rivoli, où nous avait attirés la séance de dédicace par l’illustrateur Mats Gustafson de son livre consacré à Dior (vous saurez tout). Le champagne prenait doucement la couleur de l’osier, et notre conversation la direction de Vallabrègues.
Et ce qu’on y voit laisse à penser que, oui, on pourrait songer à l’osier pour sortir des sentiers battus : les suspensions parfois spectaculaires et les élégants miroirs encadrés donnent des idées de déco, surtout à l’approche de l’été. Ajoutons que l’osier pousse bien dans la région de Vallabrègues, tandis que le rotin est une plante de pays chauds. Alors, si vous êtes plutôt du genre locavore, osez l’osier !
[1] C’est ici : http://ateliervime.com/