Le massacre des expressions

La variété des expression est immense, et certaines font le régal de ceux qui s’en servent à propos. Leur nombre complique leur maîtrise, mais leur bon usage n’en est pas moins digne d’intérêt. Un jamais 203, rencontré récemment m’a décidé a évoquer ce sujet.

découvrez le pot aux roses

Il y a bien sûr celles sur le sens desquelles on se méprend : découvrir le pot aux roses ; être dans ses petits souliers par exemple, dont certains pensent qu’elle décrit quelqu’un installé confortablement au chaud dans des souliers fins. Il en va pourtant du contraire.

Mais au delà de ces expressions dont le sens travesti se répand peu à peu, il existe un autre mal, non moins insidieux, qui progresse. J’ai nommé le terrifiant creuset des expressions où on en fond plusieurs pour en sortir une autre. Avec les déformations simples, cette manie fait des ravages. Essuyer les pots cassés, être droit dans ses baskets, être rond comme un coin, une victoire à la Pyros, avoir de l’entrejambe (sic), la fine crème, se faire planter un lapin, ôter une fière chandelle du pied…

Si vous avez de tels exemples dans vos besaces, livrez-les, moins pour les répandre que pour en rire !

34 réponses à “Le massacre des expressions

  1. Lorsque j’entends de telles inepties, je me retiens de les relever (et encore moins d’en rire) afin de ne pas froisser mon interlocuteur.

    Mais j’aime bien celles qui sont sciemment travesties, genre « c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres » ou « c’est la goutte d’eau qui met le feu aux poudres » !

  2. Oh mon dieu, une victoire à la pyros, mon professeur d’histoire du droit aurait fait une syncope.

    La déformation des expressions n’est qu’un autre reflet de l’appauvrissement culturel notre époque. Et pourtant, je n’estime pas être une référence, j’imagine le désarroi de certaines personnes dotées d’une très grande culture face à ce genre de situations.

    La question la plus effrayante qu’on m’ait posé était : « C’est où Gandhi? ». J’ai dû expliquer à mon interlocutrice que Gandhi n’était pas une ville.

    Cependant, il m’arrive de mélanger les expressions par distraction ou parce que je pense aux deux en même temps.

  3. Bow, vous lire m’a fait sourire : je suis moi-même… historien du droit (nous ne sommes pas beaucoup, au passage). Pour les expressions, il en est une que je précise désormais chaque année à mes étudiants : sinequanone… c’est horripilant ! (désopilant la première fois, seulement).

  4. Tout à fait d’accord avec votre analyse.

    Nous ajouterons le désormais très courant « comme même » en lieu et place de « quand même ».

    Quant au « ça » écrit « sa » (par exemple: sa m’énerve!), il est monnaie courante, même s’il ne s’agit pas d’une expression.

    Amicalement,

    L’équipe de For The Discerning Few.

  5. Ce qui est énervant c’est aussi les pléonasmes comme « au jour d’aujourd’hui ».

    Ha oui, aussi une autre expression à la mode appeler son nouveau né « bébé », « tu as donné à manger à bébé?, Où sont les vêtements de bébé? » ; à chaque fois je me pose la même question : ce pauvre « bébé » n’a pas de prénom ?
    Certains se plaignent des enfant appelés Renault Mégane ou Renault Zoé mais au moins ils ont un prénom.

  6. Tout d’abord, bravo pour l’excellence du site. Il pourrait être parrainé par Jean Dutourd et Renaud Camus (pour l’usage et la vivacité, sinon la verdeur, de leur langue). Un catalogue serait sans fin des expressions tellement transformées qu’elles sont bien souvent méconnaissables au premier coup d’… oreille! Une seule : frais et moulu!

  7. Un de mes anciens collègues excellait dans l’art des expressions massacrées. J’ai consigné certaines de ses ses meilleures créations :

    – Je ne vais pas passer de midi à 14h sur ce problème.
    – On va les mettre les pieds au mur.
    – … dans une enveloppe à l’intention de votre nom.
    – Elle se pose des conditions existentielles.
    – Il est toujours en retard, ça va lui remonter dans les bronches.
    – Désolé d’insister, mais je suis un peu titilleux.
    – Ce sont des traîtres, ils te tirent des pattes dans le dos.
    – Ca ne m’étonne qu’à demi-mot.
    – Mais quelle situation de sourd !
    – Non, ils ont été fair-play, et n’ont jamais tapé du dos sur vous.
    – Ce détail m’a alterqué un peu.
    – Ca va pas être facile, ils vont s’en tordre les cheveux.
    – On ne fait pas de fumée sans feu.
    – On découvre toujours un cheveu sur la soupe.
    – Ce poste, c’est la poule aux yeux d’or.
    – Windows XP et Windows 7 ça n’a plus rien à voir : on saute du coq à l’âne.
    – Tu vas pas faire des siennes, toi
    – Dorénavant, ils vont nous avoir au carreau.

    Je ne saurai jamais s’il faisait exprès !

  8. Pour ma part, j’avoue user de ce genre de stratagèmes humoristiques.

    Ma préférée : « sauter du coca Light ».
    Beaucoup plus impoli : « faire d’une paire de couilles » :-O

    En esperant avoir apporté ma pierre à l’édifice…

    D

  9. Moi j’aime bien détourner les expressions.
    Il m’arrive de dire que je me saigne les veines aux quatre fromages, par exemple. 😀
    Le risque, quand on pratique trop ce genre de sport c’est de ne plus retrouver l’expression exacte…!
    Chouette billet.
    P.

  10. et aussi :
    Rouler dans les brancards
    Manger sur un coup de pouce
    Le garagiste m’a dit que ma voiture avait une vis cachée

    Tout est vrai !

  11. Andrei caudray vous m’avez fait bien rire, merci pour les expressions de votre collègue. Je suis contente d’être arrivée par inadvertance sur ce site, en effet cela me réjouit de ne pas être la seule à penser qu’une aussi belle langue que le français et ses incroyables expressions sont mises à mal tous les jours sans que cela n’offusque personne. Où sont passées les sublimes conversations d’hier, au temps où parler était un art, qu’on enrichissait chaque jour par ses lectures et ses conversations savantes… Je sais je m’egare mais je suis une éternelle nostalgique, allergique à cet appauvrissement global des conversations et surtout des mots employés. Comme si nous n’avions plus aujourd’hui que le choix parmi un nombre restreint de mots, tous plus banals les uns que les autres, pour exprimer sa pensée. Pardon je m’egare ;-)…
    Ps : j’ai 28 ans, et j’adore déformer des expressions et employer pour rire un langage très cool (très très cool bon), mais sinon j’aime qu’on respecte cette langue. Et qu’on l’emploie MERDE! Sur ce, je vous laisse les amis. Naïma.

  12. Ce sont des cuirs, si je ne ma buse (héhé)
    « Fier comme un p’tit banc » dixit un maire de village dans l’Aisne en 1986.
    Autrement (re)lisez « Brèves de comptoirs ».

  13. Je suis au bord du rouleau, comme l’impression d’avoir les pieds de Damoclès au dessus de la tête. Il n’y vont pas avec le dos de la main morte tout de même. C’est la goutte d’eau qui met le feux aux poudres. Gardons les pieds sue les épaules, il va falloir songer à mettre les pendules sur les ‘i’ !!!

  14. Excellent billet ! Le sujet est drôle (si on voit le bon côté des choses) et les contributions excellentes. Je ne dirais rien de plus de peur de jeter l’huile sur l’incendie.

  15. Vous faites toujours collection ?
    Un de nos ministres (de mémoire Sébastien Lecornu) fit récemment valoir qu’il n’était pas un lapin de la dernière couvée… par chance il est à l’Outremer, pas à l’agriculture !

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