C’est sans doute un article qui aurait dû arriver avant l’été. Certains penseront qu’il est trop tard. Mais avant l’été, je n’y pensais plus. Après les vacances, cela m’obsède presque. On ne peut croire à certaines tenues qu’après les avoir vues. De ce sentiment de scandale est née l’idée de cet article. Les vacances étant maintenant terminées, l’article n’aura pas des allures de conseil mais plutôt de billet d’humeur, du moins je l’espère.
Je suis toujours frappé par le contraste qui peut habiter une même personne. Un même individu peut être très élégant puis très inélégant et l’on s’attache plus à l’élégance quand on baigne dans le cadre où on la pratique d’ordinaire. Il n’y a guère que James Bond et deux trois autres larrons de sa trempe, qui passés au filtre des différents montages, puissent simuler l’élégance perpétuelle, à l’élégance innée.
Ceux qui prennent sur eux toute l’année pour être le plus chic possible se libèrent de toutes contraintes lors des vacances. On croise ainsi des visiteurs qui battent en brèche non seulement les idées que l’on peut avoir sur l’élégance, mais aussi celles sur l’éducation.
Certes, quand on visite une ville, on passe la journée debout. Il peut faire chaud. On peut être amené à porter un sac ou un appareil photo. Autant de raisons qui laissent à penser à certains que les tenues les plus affreuses sont justifiables par ces nécessités.
Le plus choquant des manquements est de visiter les lieux de culte dans une tenue inadaptée, voire d’y sortir son casse-croute et son téléphone. Mais aussi les musées, les restaurants, les rues ne sont pas vides de ces tenues affreuses et autres comportements déplacés.
Quand je visite une ville, mon obsession est au contraire de passer pour un homme du pays. Je cache mes guides de voyages, j’apprends les plans par cœur et marche avec un faux air d’habitué dans la ville. Je fais le plus possible les courses où les résidents les font. L’obstacle que je ne surmonte pas, c’est toujours la langue.
J’exulte quand un (autre) touriste me demande des informations. Ça veut dire que l’opération caméléon a réussi.
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J’ai la chance de travailler dans un milieu élégant : l’informatique bancaire. Nous portons tous des beaux costumes bien seyants, avec des chaussures bien cirées, chemises de grande qualité et cravates en soie tout ce qu’il peut y avoir de plus smart.
Le choc survient lorsqu’on partage nos photos de vacances sur Facebook et autres hébergeurs d’albums photos : la grande majorité de mes collaborateurs raffinés y figurent dans l’affreux uniforme du touriste débraillé (t-shirt criard ou petit marcel, short, tongs ou autres claquettes de piscine, casquette typée 9-3…)
Pour ma part, je n’ai jamais compris pourquoi certains se sentent obligés de plonger dans le mauvais goût vestimentaire le temps des vacances. Il y a quelques années, ma femme et moi nous sommes faits limite engueuler par une vague connaissance, pour la mauvaise et simple raison que nous étions « casual chic » sur nos photos de vacances !