Creed ou la traversée du London pschitt

Après la publication récente d’un article consacré aux parfumeurs londoniens, l’un des cofondateurs de ce blog m’a parlé de Creed. Eh ! oui, Creed… Si ce parfumeur ne figurait pas sur la carte postale de Londres, c’est tout simplement qu’il a traversé la Manche depuis belle lurette !

Un peu d’histoire pour commencer, donc. La maison Creed a été fondée en 1760 à Londres, elle s’inscrit bien dans la tradition des parfumeurs évoqués plus haut. Mais elle s’est installée ensuite à Paris en 1854… Betrayal ! pour le moins. L’impératrice Eugénie semble avoir été une grande cliente de la maison, ceci explique peut-être cela.

Depuis lors, c’est sur le continent que la maison a continué à créer des parfums. Elle est restée familiale et attachée à la qualité des matières premières. Elle fabrique par exemple ses propres infusion de civette et de musc (pour mémoire, le musc utilisé de nos jours en parfumerie est synthétique, et dans l’ensemble on ne peut pas dire que le client y ait gagné en qualité). Le créateur maison, Olivier Creed, descend des fondateurs, et la succession semble préparée, avec les prénommés Erwin et Olivia.

Aujourd’hui encore la maison est basée à Paris, et la boutique de la rue Pierre Ier de Serbie vaut le détour, et au moins un post : derrière une façade sobrement 70ies, la décoration semble, comment dire ? quelque part entre le post rococco et le pré Dubaï. A l’étage, l’œil trouve le repos et une magnifique paire de fauteuils Elda, parfaitement patinés, au cuir délicatement craquelé de vieille limousine anglaise.

Cela dit, les flacons sont bien mis en valeurs, les contenant XXL donnent très envie de s’inonder de parfum, et une courte gamme d’accessoires et de vêtements bien choisis complète avec goût les parfums proposés. Ajoutons à cela une belle gamme de bougies parfumées, commercialisées dans des pots aux formes bulbeuses, et de jolis vaporisateurs de voyage, aux allures de bâtons de maréchal, qui n’attendent que leur recharge pour se glisser dans le sac à main d’une élégante.

La gamme de parfums et eaux de toilette, elle, repose sur quelques valeurs sûres de la maison, notamment dans ce qu’on appelle ici les « Millésimes » : Green Irish tweed (un fougère très frais, assez original, produit phare et largement décliné), Millésime impérial, Original vetiver, ou encore Fleur de Bulgarie du côté des féminins. J’avoue un faible pour Bois du Portugal, un magnifique oriental boisé.

Le dernier né, Aventus, semble intéressant, sur le papier. Il s’agit d’un « fruité et chypre moussu boisé ». Méfiance, tout de même : la maison a retiré quelques beaux parfums de sa gamme ces derniers temps, dont le seul défaut pourrait bien avoir été la marge commerciale. La maison va-t-elle passer aux mains de gestionnaires étroits, de « reformulateurs » assassins, au grand dam des clients ? Par exemple, elle proposait encore récemment deux vétivers distincts, et elle a retiré de la vente le plus élégant des deux. Too bad.

Pour ceux qui ne trouveraient pas l’occasion de croiser dans les parages de la rue Pierre Ier de Serbie, ajoutons que les parfums Creed sont très diffusés dans les pharmacies haut de gamme. Cette particularité les rapproche, finalement, de leurs cousins londoniens !

Une réponse à “Creed ou la traversée du London pschitt

  1. L’alliance de Green Irish Tweed avec le cachemire et…le tweed est l’accord parfait que je m’offre tous les hivers depuis plus de 10 ans. Impossible de m’en passer et ça fait immanquablement son effet. Petite variation avec Royal English Leather qui rappelle « L’Heure bleue » de Guerlain mais nettement plus masculin of course. C’est vrai, les parfums CREED sont un must pour ceux qui ne veulent pas des jus insipides et inod »horribles »que la plupart des soit-disants « parfumeurs »fabriquent…

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