Retour du col anglais

Dans le quartier d’affaires de La Défense, où le costume-cravate reste un uniforme très largement porté, le col anglais, ou tab collar dans les pays anglophones, fait un retour remarquable, que ne masquent pas encore les écharpes qui le recouvriront bientôt quand les premiers froids seront venus.

Un col anglais, source chemise.com

Etrange… Voilà un retour en grâce qui ne doit rien à l’industrie de la mode ou si peu : pas de photos, de campagnes publicitaires en 4×3, de marques, pardon ! de brands… on dirait seulement qu’en ce début d’automne 2012 tous les quadragénaires et quinquagénaires qui avaient encore des chemises à col anglais au fond de leurs tiroirs ont décidé de les en ressortir à l’unisson. Tab collar galore !

Ce col anglais devrait, suivant l’usage bien connu de la crème anglaise, se dire « col français » de l’autre côté de la Manche, mais non. Il n’est que le tab collar, comme on l’a écrit plus haut. Guère plus porté qu’ici, d’ailleurs. Mais cette forme de col semble conserver, à la mode où pas, un noyau de fidèles qui le boutonnent tous les jours de la semaine, dès qu’il s’agit de porter une cravate*.
La patte boutonnée qui en fait la particularité peut se boutonner à l’aide d’un petit bouton de la même nacre que les autres boutons de la chemise, ou à l’aide d’un bouton pression, moins élégant mais plus pratique.

Avantages et inconvénients de ce type de col ? il fait joliment saillir la cravate, mais restreint les possibilités de nœuds, compte tenu de l’espace limité offert à ce dernier entre les pattes du col. A vrai dire, tout nœud qui n’est pas un four-in-hand mesuré apparaît comme anormalement boursouflé par un piqûre d’insecte.

S’agit-il d’un col habillé ou non ? plutôt non, puisqu’il n’entre dans aucune des tenues les plus formelles du vestiaire masculin, habit de soirée, uniforme militaire ou autre morning suit, et pourtant on peut difficilement le qualifier de décontracté, ne serait-ce que parce sans cravate il est tout de même un peu… Comment dire ? ridicule. Il reste toutefois plus discret, moins affecté que son cousin le pin collar. Donc, à condition de ne pas oublier de hisser la cravate, le tab collar permet indéniablement aux moins de quarante ans de se distinguer de leurs contemporains par une touche d’élégance empruntée à leurs aînés, comme un gréement houari dans une régate de dériveurs bermudiens.

* C’est ce que soulignait déjà une chronique sur le col anglais parue il y a un an dans ces mêmes pages :

3 réponses à “Retour du col anglais

  1. Fini le confidentiel, le connoisseurs’ et le happy few, cette fois-ci la mode est relancée, façon industrie lourde : James Bond, habillé par Tom Ford, porte un col anglais dans la moitié des scènes de Skyfall 🙂

  2. je suis un dinausaure, je porte cravate et ai du mal à trouver des pin collars, depuis ces 15 dernières années.
    En fait je les achetais rue de la Boëtie jusqu’à ce que cet aimable boutiquier prenne sa retraite.
    A mon age, mes copains croient se donner un air de jeunesse en ayant le col ouvert, c’est plus chic , c’est très mode me disent ils.
    Alors quand je vois des « jeunes gens », avec ce morceau d’étoffe autour du cou, je suis ravi.
    Continuez!

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