Comme il est mignon ! Il est si mignon qu’il vient de vous vomir sur l’épaule, ce bébé-là, et vous vous dites : Ce n’est que le début. Les jeunes mères, elles, savent, après s’en être déjà passé pendant quelques mois, qu’il va falloir remiser encore pour un temps les talons hauts comme ça, les stiletti qui riment avec talons spaghetti, adopter uniformément les ballerines tout-terrain. Et les jeunes pères ? Nous allons voir ici comment il convient pour eux de préparer un accompagnement sur-mesure des premiers pas de leur progéniture.
En parlant de premier pas, oubliez rapidement les souliers glacés : leur beau glaçage ne résistera pas plus aux roues de la poussette qu’aux assauts des bambins qui commencent à marcher. Si vous ne voulez pas vous résigner, faute de pouvoir consacrer le temps nécessaire à l’entretien des chaussures, à un cuir box de lendemain de fête, retour de noces qui porte la marque des mauvais pas de danse, vous aurez intérêt à adopter le veau velours, qui pardonne davantage toutes ces avanies. Un coup de brosse et ça repart !
La paternité, sous l’angle vestimentaire, c’est un peu comme un voyage en avion (voir ici l’article consacré au voyage en avion). Un voyage qui durerait plusieurs années. Mais combien, au fait ? Disons qu’au moment où le petit dernier ou de la petite dernière perdront leurs dents de lait, vous pourrez ressortir les brosses, crèmes et pâtes, et les souliers en box. Vous aurez peut-être perdu quelques cheveux en route, et pas seulement si votre nature est à la calvitie : un ou deux passages par les urgences hospitalières, quelques colères surjouées, des angoisses existentielles, la routine en somme.
Plus largement, pour composer avec la charge de jeune père de famille, les bons conseils vestimentaires tournent autour de deux mots : confort et robustesse. Le confort, déjà, est une qualité essentielle de tout vêtement de qualité, mais là, si j’ose dire, il va falloir en repasser une couche. Par exemple, les bretelles, que j’adore, si confortables, ne se prêtent pas bien à de brusques génuflexions profondes et répétées. Une coupe de pantalon plus sport conviendra donc mieux à l’accompagnement des trois pommes à genoux.
Quant à la robustesse, elle tombe sous le sens et son besoin grandit en même temps que les enfants, que vous porterez à peu près de toutes les façons imaginables, d’abord dans les bras (un seul suffit au début, je suis très fort, j’ai le bras long, je suis le papa), puis très vite sur les genoux, sur les épaules, sur le dos. Tout cela tire sur les tissus et les coutures, qui doivent résister.
La robustesse ne doit pas seulement résider dans cette résistance mécanique. En effet l’âge tendre est aussi celui des sucreries, confiseries, bonbons en tous genres. Leur point commun, ce sont les mains poisseuses de la petite dernière qui viennent se poser sur l’épaule de papa ou attraper cette écharpe en cachemire qui pend autour de son cou quand il se penche pour prendre le bambin dans ses bras. En été, pas de problème, une chemise en coton fera l’affaire et rejoindra dans le tambour de la machine à laver les bavoirs ou les robes fleuries. Mais en hiver les choses se corsent et se salissent plus dangereusement. Il faudra donc abuser des vestes du type paddock jackets, dans des tissus synthétiques assez sombres, qui supporteront un coup d’éponge rustique, voire les grandes eaux, et au pire n’attireront pas les mites ni leur propre progéniture de larves gourmandes, avides des meilleurs laines.
Au fait, pourquoi ne pas en profiter pour essayer le nœud papillon, au passage ? Longtemps synonyme de profession médicale, le nœud papillon ne pendra pas à portée de main des enfants, façon qui-veut-attraper-la-queue-du-mickey. Et il s’exposera moins qu’une cravate régate aux giclées de bouillie tiède.
Et voilà. Ainsi habillé pour le printemps de la prochaine génération, vous pouvez entamer en toute sérénité le refrain de la chanson bien connue : « Une cuillerée pour papa… »
Au vu de la première photo qui illustre cet article, un lecteur attentif autant que pragmatique m’a écrit : « La chaussure utilisée a manifestement une semelle de cuir simple. Je recommande l’usage de semelles de gomme plutôt épaisses et solides (dans le genre « Ridgeway » ou « Dainite »), qui ont aussi l’avantage – pas négligeable – de présenter une bonne adhérence à la pédale. » En somme, il conviendrait d’adopter des semelles anti-dérapantes ? Il n’ a pas tout à fait tort, ce lecteur, et pas que pour la bicyclette : c’est fou, le nombre de choses qui deviennent glissantes une fois qu’on les a renversées…
De mon expérience actuelle, j’ajouterais que se protéger des tâches est difficile. Parfois il faut faire avec, et s’organiser en fonction.
Ce qui implique :
– Vestes et pantalons dépareillés plutôt que costume si c’est possible. La tâche peut arriver, mais l’impact sera amoindri. (oh cette petite main plein de purée de carottes potimarrons qui s’est posée sur le costume de papa). Mieux vaut risquer de perdre un pantalon qu’un costume…
– Des motifs ! Là encore un bébé qui décide de pleurer/se moucher sur papa, ça arrive vite. Et les rayures/ carreaux sur les chemises sont un bon moyen de camoufler les traces.
Je me suis occupé de deux bébés filles qui me ravissaient et charmaient.Je les déposais sur le siège arrière de ma voiture avec un soin extrême et mon coeur battait très fort.Elles ont maintenant seize et treize ans.Mon coeur bat chaque fois que je les revois. J’avais des chaussures spéciales pour ne pas déraper sur les trois pédales. Il fallait rouler comme pour les bercer
Merci pour cet article criant de réalisme. Pour ma part, ayant 4 enfants entre 9 et 1 an, j’ai depuis longtemps renoncé à concilier style masculin classique et éducation parentale. Dès que je rentre à la maison, j’enfile un blue jeans et un maillot de corps. Le dernier changement de couche que j’ai du faire en urgence, et le saccage de chemise qui s’en est suivi m’ont rappelé que ce type de règle ne présentait aucune souplesse, et qu’on payait tout manquement cash!
Ceci dit les promenades au parc ou en forêt sont l’occasion de tenter des nouvelles tenues adaptées mais élégantes: je plussoie pour les bottines en veau velours et autres chukkas. Pantalon en velours et vestes types forestière sont parfaitement adaptés, avec un bon pullover par exemple. J’évite les pièces tailleurs en revanche, car on finit toujours avec un enfant sur les epaules!
Amitiés,
Merci pour ce dernier commentaire… De façon contrintuitive, un enfant sur les épaules peut faire du bien à une pièce tailleur ! Pour expliquer mon propos, je dois confesser mon goût pour les vêtements patinés, assez longtemps portés pour épouser parfaitement les formes de leur propriétaire (ce qui ne veut surtout pas dire qu’il faut porter des vêtements étriqués ou trop près du corps) et, en définitive, se faire oublier par le confort qu’ils procurent. Or le padding d’une veste sent le neuf, quelque talentueux que soit le tailleur qui a monté ladite veste. L’enfant sur les épaules, j’y reviens, permet d’accélérer le processus de tassement de ce rembourrage en quoi consiste le padding, et ainsi de mouler plus rapidement la forme de l’épaule, de donner cette fluidité à la ligne d’épaule qui ne s’obtient qu’avec le temps. En plus, l’enfant adore ça, mais il est vrai qu’il se fiche pas mal d’être en selle sur un veston de prix ou sur un T-shirt (il va à l’essentiel, lui, contrairement à moi qui le porte).
Bonjour,
merci de votre retour, je vois le point, même si à mon sens, le jeu n’en vaut pas la chandelle ;-). D’une part je ne porte pas suffisamment de vestons neufs qui aient besoin d’être tassés pour que cela en vaille la peine, et d’autre part votre analyse ne tient pas compte des souliers crottés ou boueux de nos enfants, qui eux peuvent saccager durablement un revers de veste! 😉 Je m’en tiens donc à mes chandails et à mes blousons lavables
A bientôt,
RoSaCe
Je partage les affres de RoSaCe, et ai pu souffrir quelques moments délicieux avec les petits (ici une veste de costume recouverte d’huile de massage, mais finalement rattrapée par un pressing efficace):
http://depiedencap.leforum.eu/p250591.htm
Comme RoSaCe, généralement je fuis me changer le plus rapidement possible en rentrant à la maison et pour le week-end, je privilégie les vêtements plus résistants ou en fin de vie, chinés notamment, pour ne point trop s’énerver en cas de dégâts.
Côté souliers, malgré les enfants petits, je continue à glacer aux moments de repos familiaux et de visionnages de séries ou films, ça détend quand même pas mal pour se libérer l’esprit.