Oiseau de paradis… La beauté au zénith, l’élégance au nadir

Dans la famille Peacock, j’ai demandé le grand-père…
Dans la famille Peacock, j’ai demandé le grand-père…

Il y a quelques mois, au cours d’une interview, j’ai avancé qu’il fallait pour un homme se limiter dans sa mise à une seule excentricité à la fois, en particulier à une couleur voyante à la fois, sous peine de ressembler à un perroquet. Je pensais plutôt à un paon, mais la langue a fourché après le «p». Je me suis donc pris le p dans le tapis, sans doute parce que je partais pour prononcer «peacock», qui est la traduction anglaise de paon. Vous suivez ? Vous vous en foutez ? Aussi, oui.

Alors j’abrège : à la réflexion, c’est plus à l’oiseau de paradis qu’aux deux autres oiseaux que me fait penser l’homme vêtu de toutes les couleurs. Tant qu’à faire dans le «p», j’aurais pu aussi user d‘une comparaison avec la perruche, mais restons-en à celle d’avec l’oiseau de paradis, qui semble décidément plus appropriée.

And the winner is… Le plus barbu des quatre.
And the winner is… Le plus barbu des quatre.

Avant d’aller plus loin, une question 2.0 se pose : que nous dit Wikipedia sur ce volatile ? Voici : «Les Paradisaeidae (francisé en paradiséidés) est un taxon qui regroupe la plupart des espèces appelées Paradisiers ou oiseaux de Paradis. Ce groupe est actuellement formé d’une quarantaine d’espèces qui vivent dans le Sud-Est asiatique. Les mâles adultes de ces espèces sont, pour la plupart, caractérisés par un plumage coloré.»
Pour illustrer le propos, je suis aussi allé sur le web à la recherche de photos de participants aux récentes éditions du Pitti Uomo, un peu comme je serais allé à la chasse aux papillons, et persuadé qu’en cinq minutes l’affaire serait réglée. A ma grande surprise il m’a fallu plus de temps que prévu pour trouver les exemples édifiants que je recherchais, preuve que ces modernes Incroyables¹ poussent moins hors sol qu’on ne pourrait le croire.

Il reste quand même en Italie, à Florence, deux fois par an, assez de dandys sortis de leur cage pour que l’observateur se rende compte que leur mise ferait se retourner les passants dans la rue (et Brummell dans sa tombe) partout ailleurs qu’au Pitti Uomo. Là-bas, elle peut paraître élégante après tout, dans la mesure où elle est de circonstance dans cet endroit et ce moment qui s’apparentent à un défilé des professionnels de l’habillement, sur un catwalk imaginaire situé à l’extérieur du salon.
Mais partout ailleurs qu’au Pitti Uomo, pareille tenue serait inappropriée, ne serait-ce que parce que, mis à part dans un nombre réduit de professions, on a toujours intérêt à se vêtir de façon à être pris au sérieux. Comment atteindre à ce résultat si l’on ressemble à un jouet d’enfant sorti de la hotte du père Noël ?

En cuisine, devant son plan de travail, le Fous-y-tout peut être une bonne recette, mais au dressing, devant ses placards…
En cuisine, devant son plan de travail, le Fous-y-tout peut être une bonne recette, mais au dressing, devant ses placards…

Voilà pourquoi je conseillais, je conseille à nouveau ici, de s’en tenir à une excentricité à la fois en matière de couleur, au moins en semaine. Traduction : c’est gilet vert ou cravate rose, mais pas les deux ! Plus largement, si on a déjà investi le territoire de l’excentricité par un accessoire voyant, mettons une paire de boutons de manchettes très volumineux, alors on a intérêt aussi à s’en tenir là. C’est triste ? Oui, mais c’est sage.
Pour pousser un peu plus loin le jugement, disons que la beauté diaprée de l’oiseau de paradis semble une antithèse de l’élégance, tant elle sent la parade et signe le triomphe de la matière sur l’esprit. En dehors des périodes de carnaval il convient donc de ne pas tenter de rivaliser avec cette beauté-là, et de ne pas confondre costume de scène et vêtement de ville.

Encore une belle brochette de barbudos !
Encore une belle brochette de barbudos !

(1) Pour ceux qui ont séché les cours d’histoire sur le Directoire en France, les Incroyables étaient de jeunes élégants extravagants qui apparurent à Paris au moment de la réaction thermidorienne.

Sources des photos
1. dmarge.com
2. mensstyle.com
3. huffingtonpost.com
4. thejackalmagazine.com

Une réponse à “Oiseau de paradis… La beauté au zénith, l’élégance au nadir

  1. Je réalise, à la relecture, que le Père Noël, avec son paletot rouge à col de fourrure, sa barbe et son couvre-chef, aurait pu se fondre aux participants sans difficulté lors des dernières éditions hivernales du Pitti…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *