De même qu’il n’y a d’ombilical que les cordons, il n’y a de forestières que chez Arnys et le nom de forestière Arnys est presque proverbial.
Le mot forestière ne désigne pourtant pas particulièrement une veste lorsqu’on se penche sur un dictionnaire, mais décrit simplement l’univers bucolique des promenades sylvestre, dont les tons chamarrés charment ceux qui s’y baladent. Mais Arnys contribue à donner à ce mot un sens moins champêtre et plus citadin.
Cette veste née rive gauche en 1947 se veut emblématique des intellectuels qui y habitent et gagne en effet bientôt ce quartier, frais comme les étudiants qu’on y croise.
Bien que certains passants restent sceptiques devant les mises en scène léchées de cette devanture immanquable, il faut reconnaître à cette enseigne sa constance et son originalité. Elle ose les partis pris, loin de celles qui collent sans audace à un style dépourvu d’âme.
Le violet des gilets, les rayures d’un costumes, l’éclat des doublures, la simplicité des ceintures, le pommeau des cannes… Même les parapluies sont uniques. Voilà autant de marques de la patte d’Arnys, qui joue avec talent sur la gamme des couleurs.
Lorsque je croise quelqu’un habillé chez Arnys, j’aime à l’imaginer sortant successivement, d’une DS, d’une Sovereign, d’une Phantom ou d’un prototype aux lignes futuristes. Invariablement, l’homme y semble à sa place avec un décalage exquis qui marque l’éternel des vêtements qui ne passent pas.
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