On gagne à relire ce conte quand on lit des blogs de mode masculine. A plus forte raison, quand on y écrit.
Je remets en deux mots l’histoire et sa morale à l’usage de ceux qui ne connaissent pas ce bijou. A ceux là, je recommande de lire la version originale d’Andersen plutôt que ce pâle Ersatz. Pour les moins curieux ou les plus pressés, le voici quand même.
Deux escrocs proposent de vendre à un empereur un habit d’une finesse inégalée jusqu’alors. Tout cela à prix d’or bien sûr. Vaniteux, l’empereur accepta. Déjà riche en promesses, les deux filous font tourner leur métier à vide, cousent des fils qui n’existent pas, ne se posent pas la question de savoir qui de l’épaule ou de la boutonnière sera le plus milanaise.
Quelques jours plus tard, le temps de justifier un effort, ils présentent à l’empereur un habit qui n’existe pas, en lui tenant à peu près ce langage : « Il n’y a que les imbéciles qui n’apprécieraient pas cette étoffe tant travaillée. Elle est si fine et confortable, que vous ne la sentirez même pas. » Effrayé par l’idée de faire partie de cette sous-caste que sont les sots, il acquiesça puis pavana. Ses ministres firent de même.
Dès le lendemain, il fit le paon avec sa traîne fictive devant ses sujets à l’occasion d’une quelconque fête du royaume. Les rumeurs allaient bon train concernant sa tenue. Personne n’osait dire que l’empereur était en fait nu. Jusqu’à ce qu’un enfant, plus primesautier, ne s’écrie : « Mais il n’a pas d’habits du tout ! ». Tout le monde se rendit compte de sa propre bêtise, l’empereur y compris, qui fut honteux sur son cheval, plus habillé que lui. Quand il rentra, les escrocs s’étaient fait la malle.
C’est avec ce conte à l’esprit qu’il faut arpenter les blogs et les boutiques. Ne laissez personne choisir à votre place, ne vous laissez pas impressionner pas les étiquettes et les grands noms. N’oubliez pas que personne ne sait tout. Méfiez-vous de ceux qui parlent avec trop d’insistance d’une épaule de costume ou d’une trépointe. Remettez toujours les choses à leur place. L’élégance masculine est une affaire d’artisan, jamais d’artiste.
Une réponse à “Les habits neufs de l’empereur”