Du suspens à la rentrée : les bretelles en feutrine

Après les sapins, les marronniers. Vous voici de retour en ville, et vous ne tournerez jamais la
page 133 de ce livre que vous aviez commencé en bas des pistes. Car les vacances d’hiver s’éloignent,
dont la fin a produit un effet d’une sensualité inattendue : après avoir passé quelques jours dans des
combinaisons de ski synthétiques à souhait, vous prenez à nouveau plaisir à enfiler un pantalon de
flanelle qui ne vous a jamais paru aussi doux, à passer des mi-bas soyeux, à mettre le pied dans de
vrais souliers.

Des variations de bretelles.

Toutefois, si un accessoire a pu servir sur les pistes comme à la ville, pour tenir le pantalon, ce
sont les bretelles. A la ville, celles que les Britanniques nomment braces et les Américains suspenders
ont encore leurs partisans, au nombre desquels votre serviteur. Au passage, si vous avez besoin
de les désigner dans une conversation en langue étrangère, préférez tout de même la terminologie
britannique, moins vulgaire (rappel : suspender belt = porte-jarretelles… Pas franchement sartorial).
Une fois le bon vocabulaire adopté, attention à celui des chères têtes blondes, qui vous demanderont,
comme ça, l’air intrigué : Tiens, tu portes une salopette ? D’ici à ce qu’elles vous prennent pour le
cousin de Tom Sawyer il n’y a qu’un pas.

Bref, les Anglais ont le sens pratique, c’est connu. C’est pour cela peut-être qu’ils se montrent
aussi amateurs des classiques bretelles en feutrine, qu’il suffit de couper à la bonne longueur,
comme… Comme du boudin. A vrai dire, je crois que les derniers fabricants de cet accessoire sont
anglais. En l’occurrence, Albert Thurston fournit largement les boutiques du monde entier, que ce soit
sous son nom ou sous celui de ses distributeurs.
Pourquoi ces bretelles sont-elles si pratiques ? D’abord, elles s’usent moins que les bretelles en
foulard de soie
, et elles usent moins les tissus au contact desquelles elles se trouvent portées (chemise,
doublure de veston) que les barathea plus estivales. Ensuite, elles se règlent en longueur de façon
très simple, et, à la limite, ne demandent pas à l’acheteur qu’il fasse très attention à leur longueur au
moment de l’achat : il suffit de charcuter le tissu en excès, comme on l’a évoqué plus haut. Enfin, les
boucles, le plus souvent en laiton doré, se trouvent par construction toujours à la même hauteur, qui
par chance est également la bonne hauteur : au creux du ventre, ce qui assure confort et discrétion et
évite en même temps l’usure de vos doublures de veston par un frottement répété contre le métal — le
fil de couture des points perdus n’y résiste pas.
Hors la couleur de la feutrine, les modèles les plus classiques et les plus élégants se
distinguent par le cuir blanc avec lequel sont fabriquées les extrémités des pattes de boutonnage. Le
blanc se marie aussi bien avec des chaussures noires qu’avec des chaussures marron. Quand on vous le
dit, que ces bretelles sont pratiques ! Les pattes elles-mêmes sont fabriquées avec du boyau de chat, ou
cat gut. Comme les cordages des raquettes de vos parents, époque Björn Borg !

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