Une fois digérée la faiblesse archiducale du titre de l’article, les vrais questions se posent. Aimons-nous, ou n’aimons-nous pas les chaussures Berluti? Sont-elles réservées aux publicitaires rompus aux excès vestimentaires? Les bons pères de familles qui ne trompent ni leur bon goût ni leur femme peuvent-ils en mettre ?
Nous connaissons tous l’histoire d’Olga Berluti et des mocassins qu’elle fît pour Andy Warhol. La légende veut qu’elle s’aperçut trop tard que le cuir qu’elle avait choisi était marqué d’un défaut. Ce défaut, usuellement rédhibitoire, dont elle raconta à Warhol qu’il était le fait d’une vache transgressive qui se frottait aux barbelés. Andy séduit s’en fit une religion, à ce qu’on peut parfois entendre. Quelle qu’en soit l’origine, plaçons nous ici du point de vue des faits, à l’écart de la mythologie, qui souvent obscurcit le jugement quand elle est aussi séduisante. Peu de marques peuvent en effet se prévaloir d’avoir chaussé les papes et les artistes, les hommes d’affaires et les dandys.
Il faut reconnaître à ces souliers que les peausseries sont belles, que le dessin est parfois superbe et que les pièces sont toujours uniques. mais je dois ajouter que les patines aux couleurs les plus fantaisistes sont souvent celles qui me plaisent le moins, que les cicatrices les plus volontaires m’attirent autant que les jeans troués.
Le temps qui passe fléchira peut être mon jugement. En attendant, les one-cut à l’empeigne sans couture sont ceux que j’aime le plus.
2 réponses à “Berluti : un chausseur sachant chausser”