Peut-on aimer le sport professionel ?

La France entière a chanté Saga Africa avec Yannick Noah. La France entière a célébré Zizou en 98 et les experts de Handball. Sans le sport, il n’y aurait pas de France Black-Blanc-Beur, et la ville d’Orthez serait sans doute inconnue à presque tous les lecteurs de l’Équipe. Le nationalisme serait devenu grâce au sport, pacifique, bon enfant, presque cathartique. Les rares accidents mortels de supporters et de force de l’ordre sont moins nombreux que ceux des soldats. Certes les salaires des footballeurs semblent absurdes mais c’est la loi du marché qui s’applique comme ailleurs. Le sport est un centre d’intérêt qui génère des revenus, qui sont ensuite partagés à leur hauteur. Les sportifs sont des évadés fiscaux, au même titre que les très riches. Il n’y a donc pas « d’exception sportive ». Enfin, les valeurs du sport seraient le dépassement de soi, l’émulation et l’excellence.

Le Saga Africa de la coupe Davis de 1991

Sauf que je suis de plus en plus mal à l’aise en regardant la télé. J’ai l’impression d’être un spectateur des jeux du cirque. Avec des combattants qui ne meurent plus dans les stades mais en dehors, 10 ou 20 ans après. 20 siècles de civilisation qui n’ont pas réussi à combattre la barbarie, mais à l’aseptiser. Et ca, ca fait mal. Le sport qui devait donner une santé de fer sacrifie souvent les sportifs. Et je crains qu’aucun sport médiatique n’échappe à la grande règle du dopage. Dans la même logique qui explique les hauts revenus des sportifs, les investissements en terme de dopage sont sans doute proportionnels aux revenus générés par le sport en question. Toujours plus efficaces et plus difficiles à détecter. A trop s’intéresser au sport, on se sent complice. Et puis, les sportifs n’ont plus l’air de s’amuser sur les courts. Le sport est devenu sérieux comme la mine des lecteurs de l’Équipe. Sérieux comme les interventions de Yannick Noah qui préconise plus de dopage en France.

Je continuerai, sans doute malgré tout, à regarder les grands évènements mais avec moins d’entrain que je n’en ai eu devant Pete Sampras. Je regarderai un peu par faiblesse, un peu pour rester dans le coup, c’est-à-dire, deux fois par faiblesse mais en me posant la question : Pourquoi nos contemporains masculins, qui veulent prendre au sérieux des sujets légers, ne se passionnent-ils pas plus pour l’élégance et moins pour le sport ?

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